La CPI lutte pour atteindre les Darfouris
Une enquête de l’IWPR montre que les victimes du conflit au Darfour ignorent encore pour la plupart l’existence de la Cour qui a promis de leur rendre justice.
La CPI lutte pour atteindre les Darfouris
Une enquête de l’IWPR montre que les victimes du conflit au Darfour ignorent encore pour la plupart l’existence de la Cour qui a promis de leur rendre justice.
Alors que le conflit fait rage au Darfour, peu de personnes sur place ont conscience du travail actuellement réalisé par la Cour pénale internationale, CPI, pour poursuivre les responsables des atrocités qui y ont été commises, comme le démontre une enquête de grande ampleur menée par l’IWPR.
Selon cette étude, même les Darfouris éduqués en savent peu sur la CPI et comprennent souvent mal ce qu’elle essaye de faire. Parmi les personnes qui ont entendu parler de son travail, nombreuses sont celles qui sont frustrées par le manque d’arrestations, la lenteur des enquêtes, et le profil bas de la Cour sur le terrain – décrite comme « invisible » par l’un des groupes de victimes.
D’autres conclusions du rapport - conduit par l’IWPR pour mesurer la prise de conscience au sujet de la Cour au Darfour, ainsi que découvrir ce que la justice signifie pour ceux qui sont pris dans ce conflit dévastateur - suggèrent que la justice n’est pas au premier plan des pensées des Darfouris. La plupart d’entre eux sont beaucoup plus préoccupés par la lutte quotidienne pour la survie dans ce climat difficile où la nourriture et l’eau propre sont en quantité limité et où la sécurité est instable.
« Quatre-vingt pour cent des gens ne connaissent pas la CPI et ne s’y intéressent pas. Ce qui les intéresse, c’est de survivre », a indiqué une personne interviewée à l’IWPR.
CRISE HUMANITAIRE AU DARFOUR
Le conflit a éclaté dans l’ouest du Darfour en 2003, lorsque les rebelles ont pris les armes, accusant le gouvernement de négliger leur région, grande comme la France.
Depuis, de nombreux crimes ont été commis contre des civils innocents. Le gouvernement de Khartoum est accusé de déployer l’armée régulière et des unités paramilitaires composées de tribus arabes locales connues sous le nom de Janjaweed, non seulement pour lutter contre les insurgés, mais aussi pour terroriser la population civile et expulser les gens de leurs villages, les privant ainsi de leur gagne-pain et privant les rebelles de nourriture.
Quelque 2,5 millions de personnes ont été forcées à quitter leurs maisons, alors que plus de 200 000 personnes ont été tuées dans un conflit que l’ONU a décrit comme l’une des pires crises humanitaires du monde, et que Washington a qualifié de génocide.
Les civils se sont retrouvés attaqués par les troupes gouvernementales, les milices et les troupes rebelles, et le conflit a débordé hors des frontières, au Tchad et en République Centrafricaine.
En mai 2007, la CPI - le premier tribunal de crimes de guerre permanent, basé à La Haye - a émis des mandats d’arrêt pour deux suspects par rapport au Darfour.
L’ancien ministre de l’intérieur soudanais Ahmad Harun et le chef de milice Janjaweed Ali Kushayb sont recherchés pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans la région.
Mais Khartoum, qui a refusé de coopérer avec la CPI, a indiqué qu’il ne livrerait pas Kushayb ou Harun, qui est aujourd’hui ministre des affaires humanitaires.
Le Procureur en chef de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a indiqué à l’IWPR qu’il est inquiet, car il ne croit pas que Harun soit là pour aider les personnes qu’il a déplacées.
« Les hommes sont tués et les femmes sont violées, et je suis inquiet au sujet de la deuxième phase des crimes. Le plan initial était d’éloigner les gens pour diminuer le soutien apporté aux rebelles, alors le fait de garder les personnes dans les camps pourrait faire partie du même plan, de la part des mêmes personnes », a-t-il indiqué.
Le gouvernement soudanais nie catégoriquement les accusations selon lesquelles il aurait déployé des milices arabes, ou des Janjaweed, pour écraser les rebelles, et a également résisté à des appels pour le déploiement d’une force de l’ONU dans le pays.
Le gouvernement continue à minimiser l’ampleur du conflit au Darfour, et insiste sur le fait qu’il peut conduire ses propres enquêtes au sujet des atrocités, et a mis en place un tribunal spécial à cet effet – largement rejeté comme une simple imposture.
Pendant ce temps, la situation sécuritaire grave - qui a contraint les enquêteurs de la CPI à conduire leurs enquêtes au Tchad et dans 16 autres pays - continue à se détériorer.
A la fin du mois de juillet de cette année, le Conseil de Sécurité de l’ONU a autorisé le déploiement de près de 26,000 soldats de l’Union africaine au Darfour et a également approuvé l’usage de la force pour protéger les civils.
Mais une attaque du 30 septembre dans laquelle des centaines d’hommes armés du Darfour ont envahi une base de la force de maintien de la paix de l’Union africaine lors d’un raid surprise - tuant au moins 10 soldats - suggère que la paix est encore loin d’arriver dans cette région à feu et à sang.
QUE SIGNIFIE LA JUSTICE POUR LES VICTIMES ?
Alors que le conflit fait rage, certains universitaires, activistes et experts régionaux continuent de débattre du meilleur moyen d’aboutir à la justice pour les victimes du Darfour. Cependant, les voix des personnes les plus affectées par les atrocités ont été largement absentes de ces discussions.
Dans son enquête, l’IWPR a cherché à savoir ce que la justice signifie pour les Darfouris et ce qu’ils pensent des tentatives de la communauté internationale de juger les personnes principalement responsables de leurs souffrances.
Pour le découvrir, ses reporters ont parlé à un échantillon de personnes arabophones ou anglophones originaires du Darfour et basées dans des villes et des camps à l’intérieur du Soudan, entendant via des connections téléphoniques crépitantes le récit de leurs vies, leur idées sur la justice, et leurs souhaits principaux par rapport à l’avenir.
Nombreux sont ceux qui, parmi les personnes interrogées, ont demandé à ne pas être nommément cités. Une femme a indiqué que sa vie deviendrait « vraiment terrible » si son identité était révélée dans un article sur la CPI et la justice internationale.
Les résultats de cette enquête ont montré que de nombreux Darfouris n’ont pas conscience du travail de la cour – située à plus de 5,000 kilomètres, dans l’hémisphère nord – ou qu’ils ont des mauvaises idées sur son travail et son mandat au Soudan.
PERCEPTIONS DE LA CPI ET IDÉES FAUSSES
Un manque d’information au sujet de la CPI sur le terrain signifie que très peu de personnes sont bien informées au sujet de la Cour et que beaucoup se font de fausses idées de son travail.
L’IWPR a demandé à un fermier, qui avait été expulsé de son domicile vers le camp de Kalma, près de Nyala, s’il avait jamais entendu parler de la Cour. Il a d’abord répondu non, puis s’est repris.
« J’en ai entendu parler de la part de certaines organisations qui parlaient aux gens [des] droits de l’Homme. Ils ont dit qu’il y a un tribunal pour les droits de l’homme au sujet des évènements qui ont lieu en ce moment », a indiqué Tiejani Adam Ahmad.
Ahmad a raconté qu’il menait une « vie normale » jusqu’au jour où le gouvernement a attaqué son village avec des avions et que les Janjaweed sont arrivés à dos de cheval et de chameau. « Beaucoup de gens ont été tués. Nous, les survivants nous nous sommes enfuis … et de là nous nous sommes installés dans les camps », a-t-il indiqué.
Yasir Kondo, qui vit dans « une petite maison de plastique, avec un côté à l’air libre » dans un camp pour les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, PDPP, à Al Fashir, a indiqué qu’il ne savait pas non plus grand’ chose sur la Cour. « Vous devriez plutôt parler à un juriste », a-t-il dit. « Nous n’entendons pas parler de la Cour pénale internationale dans les médias. Le gouvernement essaye de garder cette question hors de nos esprits ».
Cette compréhension limitée de la CPI et de ce qu’elle fait au Soudan est assez typique parmi les Darfouris, a indiqué Ahmed Gamal Eldin, directeur exécutif du groupe des droits de l’homme au sein de l’organisation pour le développement social du Soudan, SUDO, à Khartoum.
« L’idée générale est qu’il y a une tentative de la part de la communauté internationale de traduire des personnes en justice, mais à part ça il n’y a pas une prise de conscience plus précise [parmi les] PDPP », a-t-il indiqué.
« Seule l’élite sait quelque chose sur la CPI. Pour être honnête, même au sein de l’élite à Khartoum il y a un manque de compréhension par rapport à ce qu’est la Cour et ce qu’elle essaye de faire ».
Un malentendu courant est lié au rôle que la force hybride de l’Union africaine et des Nations Unies forte de 26,000 hommes – qui va bientôt être déployée pour améliorer la sécurité dans la région – va jouer au Darfour.
De nombreux Darfouris auxquels nous avons parlé pensent que les casques bleus viennent chercher les personnes citées par la Cour - Haroun et Kushayb – pour les emmener à La Haye pour qu’ils y soient jugés.
« Personne ne leur explique ce que les casques bleus vont vraiment venir faire », a indiqué Tukras. « Ils pensent qu’ils vont arrêter Harun et Kushayb. Leur mandat n’a pas été expliqué et les gens pensent que les troupes viennent parce que le gouvernement n’a pas autorisé la venue de la CPI ».
Il y a aussi des malentendus largement répandus sur le nombre d’affaires qui seront jamais portées devant la CPI. La Cour est mandatée pour juger uniquement les personnes présumées principalement responsables des campagnes de violence contre les civils, et il est probable que seule une poignée de suspects sera effectivement poursuivie - ce qui sera source de déception pour de nombreuses personnes qui s’attendent à ce qu’un nombre beaucoup plus significatif de gens soient traduits en justice.
« Je pense que les victimes au sein du Darfour ont pu exagérer leurs attentes par rapport à la Cour sur ce qu’elle peut faire pour eux », a déclaré Abdelsalam Hassan, un avocat activiste des droits de l’homme basé à Londres.
« Je pense qu’ils ont pleinement confiance ou même trop confiance en [la Cour]. Leur idée initiale était que la Cour allait venir résoudre tous les problèmes et poursuivre tous les auteurs de crimes et ramener les choses là où elles devraient être ».
D’autres peuvent être déçus lorsqu’ils découvrent que le Statut de la CPI ne prévoit pas la peine de mort – ce qui, selon les traditions du Darfour, est une punition acceptable pour les crimes tels que le viol et le meurtre.
« Toute personne qui tue doit être tuée. Toute personne qui pille doit être pillée. Chacun doit être condamné selon le crime qu’il a commis », a indiqué Mohammed Adam Ali Sarraj, un PDPP du Camp d’Al Salam, dans le nord du Darfour.
DÉFICIT DANS L’INFORMATION AU SUJET DE LA CPI
Le conflit en cours et l’obstruction délibérée de Khartoum face au travail de la CPI rendent difficile l’information des Darfouris au sujet de la Cour, qui est maintenant sous le feu des ONG pour l’étendue limitée de son travail réalisé au Soudan jusqu’à présent.
Comme la situation sécuritaire grave force les enquêteurs de la CPI à travailler dans des pays comme le Tchad – où des centaines de milliers de Darfouris déplacés ont trouvé refuge dans un certain nombre de camps – ils ne sont pas physiquement présents au Darfour, ni même au Soudan.
Une personne à laquelle nous avons parlé a déclaré que la CPI était « juste une rumeur, plus ou moins ».
Une vaste campagne de désinformation orchestrée par le gouvernement, ainsi que la censure et l’autocensure sont d’autres obstacles à la diffusion des informations relatives à la Cour parmi les Darfouris.
Les journaux ne sont pas faciles à trouver et les histoires que l’ont y trouve sont souvent partiales.
Un journaliste soudanais a expliqué à l’IWPR que la presse contrôlée par le gouvernement publie des fausses informations dans le but de discréditer la Cour.
Dans le passé, les autorités ont cherché à présenter la CPI comme une sorte de conspiration entre les États-Unis et Israël – même si aucun de ces deux pays n’a ratifié le Statut de Rome, texte fondateur de la Cour pénale internationale.
« Les médias officiels du gouvernement décrivent [la CPI] comme un mécanisme des puissances internationales poursuivant un agenda », a indiqué Gamal Eldin.
Dans ce climat répressif, la CPI est devenue un sujet tabou et nombreux sont ceux qui sont réticents à en parler. Ce fut donc un vrai défi pour l’IWPR de trouver des personnes acceptant de parler de la Cour. Cela a aussi impliqué une certaine prudence par rapport aux gens abordés pour exprimer leurs vues sur la CPI, dans la mesure où nous ne voulions causer à personne des problèmes pour nous avoir approché.
Certaines personnes au courant du travail de la Cour nous ont déclaré se sentir libres de parler de la justice uniquement dans les camps qui ne sont pas contrôlés par le gouvernement. D’autres, cependant, avaient peur de parler de manière ouverte et ont indiqué qu’ils n’assisteraient jamais à des évènements ou ne se montreraient jamais avec des ouvrages sur la CPI.
« Ils ont peur », a indiqué une femme. « Si vous répétiez publiquement ce que j’ai dit dans cet entretien, ma vie deviendrait terrible au Soudan. Vraiment terrible, à cause de la sécurité et du gouvernement … les gens ne peuvent pas parler ouvertement, encore moins les femmes ».
La journaliste Awatif Ahmed Isshag défie le gouvernement et répand des informations au sujet de la Cour. Elle écrit sur la vie au Darfour - et sur la CPI - de son domicile à Al Fashir.
Son magazine, Al Raheel, était auparavant simplement accroché à un arbre pour que les passants puissent le lire. Récemment, cependant, il a été distribué dans tout le pays et a crée des problèmes pour Isshag.
« Avant, mon magazine était juste accroché à un arbre et le gouvernement n’avait pas le temps de venir le lire. J’écrivais seulement pour un public local », a-t-elle indiqué.
Cependant, la journaliste a indiqué qu’elle est soumise à une pression grandissante pour arrêter d’écrire.
« Maintenant, le magazine est national, les gens commencent à me suivre. Parfois ils disent ‘n’écrivez pas ceci ou cela’ et ils font très attention à ce que j’écris », a-t-elle indiqué.
« Ils me posent des questions, et les soldats du gouvernement pourraient m’arrêter et fermer mon magazine si je parle de la CPI. Je continue à écrire là-dessus, mais s’il m’interdisent de paraître, j’attendrai un peu et puis je recommencerai à écrire ».
Ce ne sont pas seulement les locaux qui luttent pour parler de la justice de manière ouverte – le personnel de la Cour doit aussi faire face à des difficultés. La CPI veut bien admettre qu’elle manque de présence sur le terrain.
« Les gens veulent savoir pourquoi nous ne sommes pas sur le terrain? Aucun membre de la CPI n’est autorisé à venir au Soudan », a indiqué Claudia Perdomo, chef de l’unité d’information du public à la CPI.
Les problèmes de sécurité ne permettent pas à la CPI de parler publiquement de ce qu’elle fait par rapport au Darfour, mais Claudia Perdomo insiste sur le fait que la Cour est très active sur le plan de la communication, « Nous avons une stratégie pour pouvoir atteindre les gens autant que possible en fonction de nos limites ».
Cela comprend le fait de parler à des membres de la diaspora dans des réunions en tête-à-tête en dehors du pays et à des représentants de la communauté au Darfour et à Khartoum au moyen d’e-mails et du téléphone.
« Ces interlocuteurs nous permettent d’atteindre certains secteurs de la population et d’obtenir des réactions relatives à des préoccupations et malentendus des Soudanais relativement au rôle de la cour », a-t-elle dit.
La communication avec les gens dans la région est difficile étant donné que les réseaux de téléphonie sont souvent hors service. De nombreuses personnes parmi celles interrogés ont déclaré à l’IWPR qu’ils pensent que le gouvernement coupe délibérément les réseaux avant les attaques.
Des documents écrits sur la CPI ont une faible utilité dans la mesure où seulement 60% de la population du Darfour est alphabétisée. Alors que la CPI a fait traduire des documents en arabe, tous les Darfouris ne comprennent pas cette langue.
Perdomo a indiqué à l’IWPR que pour relayer l’information pour que tous les Darfouris puissent entendre parler de la CPI, la Cour utilise des interprètes soudanais et des agents de sensibilisation du public qui parlent arabe et les langues de l’ouest du Soudan.
« Nous développons aussi des outils visuels pour promouvoir la compréhension au sujet de la CPI, y compris une panoplie complète d’illustrations et de posters sans texte ou avec très peu de texte ainsi qu’une vidéo pour compléter les efforts », a-t-elle indiqué.
Perdomo reconnaît que la tactique de Khartoum rend les choses difficiles pour que la CPI aborde les Darfouris. Mais elle insiste sur le fait que lorsque les équipes de sensibilisation du public de la Cour arrivent à établir un contact avec des groupes soudanais, les réunions sont productives.
« Nous expliquons que le Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI, a été signé par le Soudan après des négociations qui incluaient le Soudan. Pour certaines personnes, nous expliquons dans des termes simples les bases des relations internationales et du droit international », a-t-elle indiqué.
Des ONG locales ont également essayé de diffuser des informations au sujet de la Cour mais affirment qu’il est trop dangereux de le faire dans la région.
Khalil Tukras, qui a récemment quitté son poste de directeur d’une ONG locale au Nord du Darfour parce qu’il voulait retrouver sa liberté de parole sur la justice et la politique, a indiqué que son groupe conduisait des ateliers sur la CPI dans des camps de réfugiés mais a déclaré qu’il était trop dangereux de le faire dans les villes, où des indicateurs du gouvernement sont à l’affût des gens qui parlent de la Cour.
Tukras s’est plaint que son agence manque de soutien soit de l’ONU, ou d’autres ONG, qui selon lui ont peur d’être expulsées par le gouvernement soudanais si elles soutiennent ouvertement la CPI.
« Personne ne nous soutiendra dans ce travail. Nous sommes des individus agissant seuls. Même si nous trouvons des donateurs pour nous soutenir, ils n’auront pas la volonté de s’adresser au gouvernement », a-t-il indiqué.
Il a appelé à ce que plus de choses soient faites pour mettre en place les moyens de parler de la Cour.
De nombreuses ONG ont produit de la littérature pour les victimes au sujet de la Cour, et l’équipe de Perdomo s’en sert pour compléter ses propres ressources, qui comprennent des brochures en arabe expliquant le rôle que les victimes peuvent jouer dans la procédure à la CPI.
« Nous fournissons aux victimes des exemples de ce que nous pouvons faire ou ne pas faire, et nous transmettons ces messages à ceux qui représentent les organisations internationales présentes dans les camps, pour qu’elles puissent expliquer toutes les questions liées au travail de la CPI », a indiqué Perdomo.
Mais de nombreuses ONG internationales ont été contraintes à quitter le Darfour en raison de la violence et du manque de sécurité, laissant les activistes se sentir abandonnés et sans soutien. « Nous avons besoin de voir comment obtenir du soutien pour parler de la CPI. Il y a un manque de moyens pour répandre la compréhension », a indiqué Tukras.
LE COMBAT QUOTIDIEN DES DARFOURIS POUR LA SURVIE
Alors que les restrictions apportées aux médias, la technologie limitée et la propagande du gouvernement ont tous empêché que les gens soient informés au sujet de la CPI, de nombreux Darfouris nous ont dit qu’ils sont trop préoccupés à essayer de survivre dans cette région déchirée par la guerre pour chercher à obtenir des informations sur la cour.
Pour ceux qui vivent dans les villes de la région, ainsi que pour ceux dans les camps de PDPP, le quotidien présente peu de signes d’une vie normale.
Les bombardements aériens et les attaques du gouvernement de Khartoum et des milices arabes alliées Janjaweed sont fréquents, et le nombre de PDPP augmente.
A mesure que de plus en plus de Darfouris fuient les campagnes pour trouver refuge dans les centres urbains, la vie sur place devient difficile.
Un travailleur social dans un centre pour les victimes de torture à Nyala, dans le sud du Darfour, a indiqué que les villes étaient devenues des endroits dangereux.
« Cela a totalement changé en termes de sécurité. Le conflit n’affecte pas seulement les PDPP, mais également les citoyens normaux qui souffrent de la violence », a déclaré Fatima Khaltoum, une psychologue soudanaise travaillant à la réhabilitation des victimes de torture au Darfour. Son nom a été changé pour protéger son identité.
« La situation n’est pas sûre à Nyala. N’importe qui peut venir vous tirer dessus », a-t-elle déclaré.
« Il y a plus de 15 groupes de milice. Les gens se font attaquer et sont tués, mais personne ne sait jamais par qui. Certains portent du camouflage. Certains portent des habits ordinaires. Il est impossible de les identifier ».
L’augmentation du chômage a ajouté à la tension, alors que certaines tribus africaines, telles que les Fur et Masalit, affirment qu’elles sont négligées au profit des arabes.
« Ils ne peuvent pas trouver de travail, parce que si vous ne soutenez pas le gouvernement, vous ne pouvez pas trouver de travail », a indiqué Tukras.
Un Darfouri travaillant dans le domaine des droits de l’Homme a déclaré que certains citadins au chômage se rendent désormais aux camps de PDPP dans la journée pour y obtenir de la nourriture et de l’eau, puis retournent chez eux.
Mais de nombreuses personnes interviewées ont indiqué que les conditions dans les camps de PDPP sont également en train d’empirer.
« Il y a une grande misère dans les camps. Il y a la peur. Il y a des émeutes. Il y a le viol. Il y a les bombardements aériens », a indiqué un homme à l’IWPR.
Il est devenu dangereux de s’aventurer hors du camp pour ramasser du bois de chauffage ou cultiver la terre. Les femmes et les jeunes filles sont particulièrement exposées à la violence sexuelle des Janjaweed, ou de la myriade d’autres groupes armés qui circulent dans le pays.
Fatima Khaltoum a indiqué à l’IWPR que le conflit est aussi devenu tellement complexe que les victimes sont souvent dans l’impossibilité d’identifier leurs attaquants.
« Ils sont camouflés et ont des Kalachnikovs. Le conflit est tellement compliqué aujourd’hui et il y a tellement de groupes qu’il est difficile de savoir si quelqu’un est un bandit ou un [milicien] », a-t-elle dit.
Les 7000 hommes de la force de l’Union africaine qui patrouillent au Darfour essayent de maintenir la paix, repoussant non seulement les attaques des parties en conflit, mais également des PDPP frustrés par le manque de sécurité.
La sécurité qui se détériore signifie que de nombreuses ONG ont quitté le Darfour, ajoutant aux problèmes auxquels les gens ont à faire face.
« Je travaille dans un village appelé Gereida [sud Darfour]. Il n’est pas contrôlé par le gouvernement et il y avait cinq ONG, mais les gens sont venus et ont attaqué les ONG, alors toutes les ONG sont parties. Elles ont laissé les gens sans nourriture, sans bois de chauffage ni médicaments, alors les gens ont commencé à s’entretuer pour s’approprier ce qu’il restait de nourriture et de médicaments », a indiqué une femme.
Et l’insécurité qui a fait fuir les travailleurs humanitaires empire.
Un activiste des droits de l’homme qui travaille au nord et au sud de la région a indiqué à l’IWPR que les soldats Janjaweed qui avaient attaqué les tribus africaines se sont maintenant retournés les uns contre les autres. Il a indiqué que les dernières batailles ont eu lieu entre les Abbala, des éleveurs de chameaux nomades, et les Terjem, des éleveurs de bétail qui cultivent la terre.
Abu Hamed (son nom a été changé pour des raisons de sécurité) travaille pour une ONG. Il a indiqué à l’IWPR que les tribus arabes combattaient auparavant ensemble en soutien des Janjaweed et du gouvernment, mais que désormais elles se battent entre elles.
Cette violence et l’insécurité, a déclaré Abu Hamed à l’IWPR, affecte beaucoup de gens, « Nous voyons beaucoup d’arabes déplacés, et chaque jour, les blessés arabes sont plus nombreux à l’hôpital principal de Nyala ».
Les Darfouris d’origine africaine ne sont pas la cible de cette violence et Abu Hamed a expliqué « On peut voir les tribus africaines regarder. Elles n’ont pas caché leur joie par rapport à ce qui se passe. Elles disent que les Africains sont les premières victimes, et que maintenant il y a d’autres victimes ».
LES SUSPECTS
Face à cette toile de fond de violence et d’anarchie, de nombreuses personnes remettent en question l’efficacité des mandats d’arrêt de la CPI délivrés contre Harun et Kushayb il y cinq mois.
Lorsqu’ils ont été annoncés au début, certains Darfouris se sont réjouis. – prenant cela comme un signe que la communauté internationale se décidait finalement à intervenir pour mettre fin à leur situation désespérée – mais d’autres sont déçus qu’il n’y ait pas eu de mandats d’arrêt contre les principaux responsables gouvernementaux.
« Les gens sentent que c’est un bon début, mais que Harun et Kushayb sont utilisés comme boucs émissaires », a indiqué Khaltoum.
« Les gens dans les camps s’attendaient à ce que les plus haut placés, aux vrais postes de commandement, soient impliqués. Ils pensaient que les preuves étaient réunies par la CPI contre les plus haut placés dans la chaîne de commandement, et s’attendaient à ce que plus que deux personnes soient mentionnées. Les gens savent que le gouvernement est responsable et se cache derrière tout cela. Les Janjaweed et les forces gouvernementales sont là à chaque attaque. Les gens voulaient plus que ça ».
Ni Harun ni Kushayb ne disposent d’un grand soutien au sein des tribus arabes et les spéculations vont bon train au sujet de la vie des deux hommes qui seraient en danger, parce qu’ils en savent trop sur la campagne du gouvernement au Darfour.
« Si vous amenez un chef de rang intermédiaire devant un tribunal ou que vous enquêtez sur lui, cela peut exposer les principaux responsables », a indiqué l’activiste soudanais des droits de l’Homme Hafiz Mohammed.
« L’un d’entre eux est de ma ville natale – Harun. La plupart des membres de sa famille ont déménagé pour s’installer dans la capitale, parce qu’ils pensent que les gens de la sécurité pourraient le tuer juste pour se débarrasser de lui, parce qu’ils ont peur. Certains d’entre eux craignent vraiment pour leurs vies ».
Pas étonnant que certains Janjaweed et leurs soutiens aient mal réagi à la perspective que l’un d’entre eux soit jugé à La Haye.
« Le mandat d’arrêt pour Ali Kushayb a été vu comme une condamnation des tribus arabes », a indiqué Eldin. « Et il y a eu une grande mobilisation de certaines parties de la communauté qui disent que la communauté internationale cherche à faire passer les Arabes pour des criminels. Ils ont fait des parallèles avec ce qui se passe en Israël et en Irak »
Gamal Eldin pense que certains Darfuris sont sceptiques au sujet des mandats d’arrêt. Ils sont inquiets que la pression internationale visant à coopérer avec la CPI et à arrêter Harun et Kushayb rende Khartoum « plus fort et plus extrême ».
La CPI n’a pas de pouvoir de contrainte, ce qui signifie qu’elle repose sur ceux qui ont signé le Statut – ceux qu’on appelle les États parties- pour exécuter les mandats en son nom.
Ceux qui sont sur le terrain disent que la communauté internationale et les voisins du Soudan devraient maintenant faire pression sur les gouvernements pour qu’ils procèdent aux arrestations.
« Le seul moyen par lequel le gouvernement appréhendera ces gens c’est la pression internationale, avec des sanctions par exemple », a déclaré Mohammed. « C’est le seul moyen. Ce n’est pas simple d’entrer au Soudan et d’appréhender ces personnes avec des forces armées ... tout comme une invasion ».
C’est là une opinion partagée par la CPI.
« Le Procureur a dit que Ahmad Harun et Ali Kushayb finiront sur le banc des accusés », a indiqué un porte-parole du Bureau du Procureur.
« La Cour est permanente. Nous pouvons attendre que ce jour arrive. Mais les victimes au Darfour ont suffisamment souffert et ne peuvent plus attendre. C’est pourquoi il est d’une importance capitale que les mandats d’arrêt soient exécutés maintenant. Le gouvernement du Soudan a obligation de le faire. Et la communauté internationale devrait solliciter le Soudan pour qu’il se soumette à son obligation afin que la justice puisse suivre son cours ».
Gamal Eldin, suggère cependant que la CPI devrait essayer de travailler avec le gouvernement soudanais. « Il faut que cela se passe via un engagement avec le gouvernement, [leur assurant] que cela sera un procès équitable et juste ».
Mais il y a un sentiment général de pessimisme que le régime actuel de Khartoum ne coopère jamais avec la CPI.
« Ils continueront à dire non jusqu’à la dernière minute », a déclaré Abu Hamed. « Personne n’enverra qui que ce soit du Soudan, et personne ne se rendra volontairement à la CPI ».
« Dans le contexte actuel, le gouvernement ne remettra pas les suspects, et ils ne peuvent pas non plus être arrêtés par la force internationale », a ajouté Gamal Eldin.
Moreno-Ocampo a indiqué à l’IWPR que le gouvernement soudanais a le devoir d’arrêter Harun, « et le reste du monde doit rappeler au Soudan son obligation ». Il a ajouté que « il faut que nous continuions à insister pour que le monde garde sa consistance parce qu’il s’agit d’un combat entre le monde et Harun, si le monde est unifié, qui va gagner ? »
LA JUSTICE DE STYLE SOUDANAIS
Certains Darfouris interrogés ont déclaré que les méthodes traditionnelles d’administration de la justice - telles que l’indemnisation - pourraient être utilisées à côté de la Cour pénale internationale.
« Envoyer les gens devant un tribunal et les condamner à de la prison n’a pas toujours été vu comme le seul moyen d’aboutir à la justice et de régler une situation », a déclaré Eldin. « Il y a une culture du pardon, où on va de l’avant, dans l’acceptation et la reconnaissance des crimes ».
Mais Khaltoum a indiqué que ces coutumes traditionnelles - lorsque les chefs de tribus s’assoient pour résoudre les problèmes ensemble - ne peuvent pas fonctionner dans le chaos actuel.
« Les structures traditionnelles ont été détruites », a-t-elle indiqué. « Jadis, chaque village dans chaque région avait son propre tribunal. Mais cela n’existe presque plus ».
Un obstacle continuel auquel la CPI est confrontée pour amener Harun et Kushayb sur le banc des accusés est le Tribunal criminel spécial pour le Darfour, TCS, mis en place par Khartoum en juin 2005 - le lendemain de l’annonce par la CPI qu’elle allait procéder à une enquête sur les évènements du Darfour. Ce tribunal est dénoncé comme n’étant qu’une imposture
Selon son statut fondateur, la CPI peut uniquement agir si un pays est dans l’incapacité ou n’a pas la volonté de conduire ses propres procès, et le Soudan prétend qu’il est à la fois capable de le faire et disposé à agir.
Khartoum a prétendu détenir Kushayb depuis novembre 2006, mais au début du mois d’octobre de cette année, le ministre des affaires étrangères Lam Akol a révélé qu’il avait été relâché en raison d’un manque de preuves.
Des groupes de défense des droits de l’homme ont condamné la remise en liberté de Kushayb – surnommé le ‘boucher du Darfour’ par les réfugiés et les PDPP – affirmant que la libération d’une personne recherchée par la CPI est un autre exemple de la culture de l’impunité qui prévaut au sein du gouvernement.
Des observateurs internationaux sur le Soudan ont largement rejeté le TCS comme une imposture, affirmant que les affaires qui y sont portées ont peu à voir avec l’administration de la justice, et qu’il ne s’agit pas d’un substitut à la CPI.
Nombreux sont ceux sur le terrain qui partagent ce point de vue.
« Les criminels ne vont pas se punir eux-mêmes. C’est une tâche de grande ampleur et il n’est pas logique que le gouvernement soudanais fasse fonctionner un tribunal sur le Darfour. Cela ne les intéresse pas de traduire leurs propres gens en justice », a déclaré un homme d’un camp de PDPP au nord du Darfour.
Tukras est d’accord. « C’est une perte de temps totale. C’est n’importe quoi et rien du tout », a-t-il dit de sa base à Al Fashir. « Ils n’ont jamais rien fait pour les vrais problèmes ou cherché à découvrir les vrais crimes. Une des affaires [au TCS] concernait le vol de 75 moutons ».
Abu Hamed a déclaré, « Au Darfour, en général les gens soutiennent tout ce que le gouvernement rejette, et s’opposent à tout ce qu’il soutient. Les gens du Darfour sont contre le TCS, mais soutiennent la CPI ».
Khaltoum et d’autres femmes darfouries interrogées étaient particulièrement inquiètes au sujet des inadéquations des lois soudanaises pour traiter du viol - une arme de guerre souvent utilisée au cours au cours du conflit.
Les tribunaux soudanais utilisent la Charia, ou loi islamique, qui définit le viol comme un rapport sexuel illégal, ou ‘zina’, qui peut entraîner la peine de mort. Pour obtenir une condamnation du violeur, quatre témoins masculins compétents sont requis, ce qui rend pratiquement impossible pour les victimes de viol de prouver leur absence de volonté à avoir un rapport sexuel.
« Le seul cas de viol où l’auteur a été condamné a été lorsqu’un homme a avoué », a indiqué Khaltoum.
Une femme qui travaille avec les PDPP dans les camps a confirmé que les victimes de viol sont peu nombreuses à obtenir justice devant les tribunaux soudanais.
« De nombreuses femmes restent silencieuses en raison de la honte, mais parfois elles vont directement au tribunal. Le tribunal note certains détails mais rien ne se passe. Cela ne les intéresse pas de traiter des cas de viols. Les femmes ne font qu’attendre », a-t-elle dit.
LES DARFOURIS DEMANDENT DES ACTIONS
Mais les Darfouris qui ont parlé à l’IWPR ne sont pas disposés à attendre la justice indéfiniment.
Ils acceptent que, pour le moment du moins, le système soudanais n’aie pas la volonté ou soit incapable de redresser les torts, et nombreux sont ceux qui voient La Haye et la CPI comme la meilleure option.
« Je parlais à quelqu’un dont le village a été incendié, et il a dit que les gens sont prêts à marcher même des journées entières de l’autre côté de la frontière [vers le Tchad] pour livrer leurs témoignages au sujet des méfaits dont ils ont été les victimes », a indiqué Hafiz Mohammed.
« Ils ne se préoccupent plus de savoir ce qui va se passer, parce qu’ils ont déjà vu des choses terribles arriver à leurs amis et à leurs familles ».
Le personnel de la CPI, qui n’est pas en mesure de parler aux victimes au Darfour, tient à atteindre ceux qui ont réussi à passer la frontière en tant que réfugiés au Tchad.
Perdomo a indiqué à l’IWPR que des représentants de la CPI ont visité quatre des 12 camps officiels pour les réfugiés du Darfour au Tchad – les autres sont situées dans des zones à accès restreint. « Seul le personnel humanitaire essentiel a la permission d’y pénétrer », a expliqué Perdomo.
Le personnel de la CPI qui travaille dans les camps du Tchad détermine les perceptions locales, les conceptions erronées et les attentes par rapport à la CPI auprès des réfugiés, et évaluent comment obtenir des informations sur les procédures en cours devant la CPI au sein des camps.
« Nous rencontrons plusieurs fois les mêmes groupes et conduisons des interviews et des sondages au hasard », a indiqué Perdomo.
Elle a déclaré à l’IWPR que, en général, les attentes sont élevées en raison de la souffrance des gens, mais que la Cour doit expliquer que « nous avons des ressources limitées et que notre mandat est limité ».
« Il y a d’autres acteurs dans le théâtre des opérations, y compris les autorités nationales et d’autres organisations internationales qui ont des rôles très significatifs à jouer. Nous sommes juste l’un [de ces opérateurs]…et c’est quelque chose que nous essayons d’expliquer clairement ».
Mais il fait peu de doute que les Darfouris s’impatientent. Une femme a déclaré que, « les gens veulent une vraie action ».
« Ils parlent des raisons de la lenteur de la CPI » a indiqué Tukras. « La crise du Darfour a eut lieu très rapidement, et ils ont confiance en la CPI, mais sont frustrés par rapport au temps que cela prend. Ils se demandent quels seraient les bénéfices si Harun et Kushayb étaient arrêtés après 10 ou 15 ans une fois que les victimes seront peut-être mortes ».
Et il y a une crainte que si la CPI attend trop longtemps, si elle prend des années à aller au Soudan, qu’alors personne ne soit jamais tenu responsable pour les atrocités commises là-bas.
Même si la CPI prétend qu’elle peut poursuivre les crimes au Darfour en collectant les preuves et des témoignages de victimes en dehors de la région et du pays, de nombreuses personnes restent sceptiques.
« Les preuves ne vont pas durer éternellement », a indiqué Khaltoum. « Elles disparaissent et après c’est fini. C’est pourquoi le gouvernement ne veut pas ouvrir la voie à la CPI. C’est vraiment inquiétant, parce que les preuves sont en train de disparaître ».
Sarraj, qui est très impatient de voir son pays être reconstruit pour être capable de retourner chez lui avec ses enfants, a indiqué que sa « première et dernière demande est pour la sécurité, que les criminels de guerre soient traduits devant des tribunaux justes et payent une indemnisation pour le mal qu’ils ont fait ».
Il a appelé la communauté internationale à venir en aide aux gens du Darfour.
« J’espère que ce message atteindra tous les réfugiés dans le monde entier, et chaque pays qui a des demandeurs d’asile. Nous en tant que réfugiés demandons au monde entier de prendre soin de nous, de nous soutenir et de nous sortir de l’obscurité aussi vite que possible avant que nous périssions, car le gouvernement de Khartoum est plein de haine envers nous », a-t-il dit.
Pour Sarraj, la CPI représente une chance de rendre justice à sa communauté.
« Ceux qui ont commis des crimes au Darfour devraient être traduits devant un tribunal juste, la Cour pénale internationale, dans le but de nettoyer le Darfour de ces meurtriers qui ont expulsé, pillé et tué les gens là-bas. Nous avons été expulsés de [notre village] nus, sans rien aux pieds et affamés. Ils ont violés nos femmes » a-t-il dit.
« Nous les réfugiés considérons la Cour pénale internationale comme la seule cour juste dans le monde entier. Nous avons appris que ceux qui ont commis les crimes au Darfour vont apparaître devant la Cour pénale internationale juste. C’est là une de nos demandes comme citoyens des provinces du Darfour ».
Katy Glassborow et Lisa Clifford sont reporters chargées des questions de justice internationale à La Haye. Caroline Tosh est reporter de l’IWPR et rédactrice, et Daniel Barron est un stagiaire de l’IWPR à Londres.