Kabila appelé à évacuer l'ARS de RDC sans violence
Des chefs de communauté du nord de l’Ouganda sont inquiets des conséquences d’une expulsion violente de l’ARS de ses bases situées dans le parc national congolais.
Kabila appelé à évacuer l'ARS de RDC sans violence
Des chefs de communauté du nord de l’Ouganda sont inquiets des conséquences d’une expulsion violente de l’ARS de ses bases situées dans le parc national congolais.
L’appel, cependant, va à l’encontre d’un accord passé le 8 septembre à Arusha entre le président ougandais Yoweri Museveni et Kabila qui prévoit l’expulsion par la RDC des forces rebelles stationnées à Garamba, y compris l’ARS, en échange de l’engagement de l’Ouganda de refuser son soutien aux milices congolaises.
Des chefs culturels, religieux et municipaux du nord de l’Ouganda souhaitent obtenir d’urgence une réunion avec Kabila pour le persuader d’ignorer cet accord et de faire usage de son influence et de ses contacts pour convaincre les rebelles d’abandonner le parc national pour Rikwangba, à l’intérieur du Soudan, où ils sont supposés se rassembler, conformément à l’Accord de cessation des hostilités signé entre les responsables de Kampala et les représentants de l’ARS à Juba, au sud du Soudan, le 26 août de l’année dernière.
Peu après l’annonce des détails du pacte d’Arusha, le numéro deux dans la chaîne de commandement de l’ARS, Vincent Otti, a prévenu que les hostilités risquaient de reprendre au nord de l’Ouganda, si une force attaquait leurs bases dans l’est de la RDC.
Otti, et son chef Joseph Kony, ainsi que trois autres commandants rebelles, sont recherchés par la Cour pénale internationale, CPI, pour des crimes de guerre commis au cours du conflit entre l’ARS et le gouvernement ougandais qui a duré près de deux décennies.
L’accord d’Arusha a également donné lieu à des protestations et des critiques de nombreuses personnes qui ont affirmé que le résultat allait faire capoter les négociations de Juba.
Des chefs locaux dans le nord de l’Ouganda ont déclaré que leur intervention était motivée par la crainte que Kabila ait recours à la force pour évacuer l’ARS de Garamba. Walter Ochora, le préfet de la province de Gulu, au nord de l’Ouganda a indiqué « Nous envisageons de présenter une requête au président Yoweri Museveni afin d’obtenir une rencontre avec le président de la RDC Joseph Kabila. Vous êtes conscient que certains membres de l’ARS se trouvent toujours au Congo et à l’heure actuelle, il y a une polémique quant à leur éventuelle expulsion mais nous pensons que le président Kabila pourrait persuader l’ARS de partir de manière pacifique ».
En parallèle, certains chefs municipaux, religieux et culturels du nord de l’Ouganda devraient tenir des pourparlers avec le président soudanais Omar al- Bashir à Khartoum, dans le but de le pousser à s’engager directement dans des pourparlers de paix entre les autorités de Kampala et l’ARS.
Conduite par David Acana II, le chef suprême de la tribu Acholi, la plus touché par la guerre dans le nord de l’Ouganda, la délégation comprendra des représentants de la région Acholi et de trois autres zones affectées par les combats: Lango, Teso et West Nile.
Les pourparlers, qui seront tenus par le gouvernement ougandais, devraient débuter le 20 octobre et durer cinq jours.
La visite fait suite à des inquiétudes que les autorités soudanaises - qui ont longtemps soutenu l’ARS, lui fournissant des armes, des installations d’entraînement et des denrées alimentaires - pourraient soutenir les nouvelles émeutes, même si les pourparlers de paix réussissent. Ces inquiétudes ont émergé en raison du silence flagrant qui pèse sur les négociations de Juba.
Ochora, un des chefs locaux qui devrait faire le voyage à Khartoum, affirme que l’incertitude sur les intentions du Soudan affecte le rythme du retour et de la réinstallation en cours des gens déplacées par le conflit au nord de l’Ouganda – nombre d’entre eux ont passé des années dans des camps sordides qu’ils sont réticents à quitter, parce qu’ils ont peur que les pourparlers de paix balbutiants.
« La grande question que la population se pose est, ‘Pourquoi est-ce que Khartoum est silencieux sur ces pourparlers de paix?’ Alors nous devrions demander à Bashir de dissiper les peurs des gens qui pensent que Khartoum pourrait à l’avenir toujours soutenir l’ARS », a indiqué Ochora.
Il affirme que des mots rassurants de la part de Bashir sur la vision du Soudan des négociations fourniraient une impulsion pour le processus de retour et de réinstallation
« Si ces mots [le soutien soudanais pour les pourparlers de paix] viennent de sa propre bouche, cela sera très encourageant; vous savez que les PDPP rentrent chez eux très lentement parce qu’ils sont sceptiques au sujet du succès des pourparlers », a indiqué Ochora.
Entre-temps, Kampala est inquiet qu’une crise politique interne qui se trame au Soudan pourrait compromettre les négociations de Juba.
Les tensions ont été provoquées par la décision de l’Armée populaire de libération du Soudan, APLS, de suspendre sa participation au sein du gouvernement d’unité nationale en raison de ce qu’il considère comme des retards dans la mise en oeuvre de l’accord de paix signé en janvier 2005 entre feu le chef de l’APLS, John Garang, et Bashir.
L’accord qui expose les arrangements quant au partage du pouvoir et des richesses est significatif, principalement en raison du fait qu’il met fin au conflit sanglant de deux décennies entre le nord à prédominance arabe et le sud chrétien.
Pour assurer la paix dans le pays qui abrite les pourparlers de paix entre Kampala et l’ARS, une équipe de ministres ougandais conduite par Isanga Musumba, le ministre des affaires régionales, se rend également au Soudan pour procéder à une médiation dans le différend entre l’APLS et les autorités de Khartoum.
Les ministres sont aussi censés enquêter sur des rapports faisant état du harcèlement dont seraient victimes les commerçants ougandais dans le sud du Soudan.
Joe Wacha est journaliste de l’IWPR en Ouganda.