Un témoin déclare que Lubanga utilisait des enfants soldats
Par Wairagala Wakabi (AR No. 213, 22-May-09)
Un témoin déclare que Lubanga utilisait des enfants soldats
Par Wairagala Wakabi (AR No. 213, 22-May-09)
Lubanga, le président de l’UPC, est en procès à la Cour pénale internationale, CPI, pour des chefs d’accusation d’enrôlement et de conscription d’enfants soldats de moins de 15 ans qui auraient été utilisés dans les hostilités.
Le témoin, qui a indiqué qu’il était en charge de la sécurité de l’UPC, a témoigné surtout à huis clos. Cependant, lors d’une audience publique, il a expliqué que les commandants des diverses brigades de l’UPC étaient responsables de la conscription, de l’entraînement et de l’armement des enfants soldats.
“Chaque commandant a besoin de beaucoup de troupes … alors leurs troupes ont trouvé un moyen de (récupérer) des jeunes et leur ont fourni (un entraînement et des armes) adaptés, et cela a été fait au niveau des brigades,” a déclaré le témoin.
Le témoin a révélé que les commandants de l’UPC, tout comme Lubanga, avaient utilisé plusieurs enfants soldats comme gardes du corps, à la fois au sein du quartier général de l’UPC et pour la garde personnelle de Lubanga. Ils portaient des uniformes et des armes, a-t-il dit.
Lors du contre-interrogatoire, le témoin interrogé par l’avocat Jean-Marie Biju-Duval sur l’utilisation des enfants soldats, a demandé à passer à huis clos et la Cour a accepté.
Concernant le recrutement d’enfants soldats, le témoin a indiqué que la plupart des commandants de l’UPC n’avaient pas pris tous les enfants parce que certains “étaient trop jeunes et vous ne pouviez pas leur permettre (de rejoindre la milice).”
Biju-Duval a également protesté face à ce qu’il a appelé “les questions suggestives” du Procureur Manoj Sachdeva relativement à la présence alléguée d’enfants soldats parmi les gardes du corps de Lubanga.
“J’aimerais que les questions (soient) moins suggestives par rapport à cette question,” a-t-il protesté. “Il s’agit là d’une question particulièrement sensible.”
Le juge Adrian Fulford s’est interposé: “Certainement. Il s’agit d’une zone de grande sensibilité pour la défense. Cette question pourrait être posée de manière plus générale.” Le juge a ensuite demandé au Procureur, “Soyez plus prudent s’il vous plaît.”
Le témoin a également parlé de la discipline au sein de l’UPC. “Au sein d’une armée, la discipline c’est très important,” a-t-il dit. “Lorsqu’il y a un entraînement militaire... on vous explique la vie militaire, il y a certains domaines liés à la discipline que l’on vous apprend.”
Les punitions pour les combattants errants de l’UPC comprenaient des coups de fouet pendant qu’ils faisaient des pompes ou se roulaient sur le sol, a-t-il dit. Certains étaient détenus et d’autres étaient utilisés comme cuisiniers pour leurs collègues pendant une semaine.
“Le Kongoto est un fouet. Chaque instructeur en a un,” a déclaré le témoin. “Si vous commettez une erreur, n’importe lequel des instructeurs peut vous punir.”
Le témoin a indiqué que les enfants soldats ne faisaient pas de grosses erreurs pendant l’entraînement, et que leur punition était donc modérée.
Les enfants dans les camps d’entraînement, quelque soit leur sexe, recevaient le même entraînement que les adultes, qui durait deux ou trois semaines.
A la fin, tous recevaient des uniformes et des armes, et étaient déployés dans diverses unités de l’UPC. Les enfants soldats avaient les mêmes devoirs que les adultes, a-t-il dit.
“Lorsqu’un Kadogo (enfant soldat) finissait son entraînement, il était déployé, il reçevait une arme, et il était évident qu’il allait combattre,” a déclaré le témoin en Swahili.
Cette semaine, les juges ont également accepté de rendre publique l’identité de cinq victimes qui participent au procès. La demande avait été faite par leur représentante, Carine Bapita Buyangandu.
Le juge Fulford a déclaré dans sa décision que Lubanga avait droit à recevoir des informations sur les noms et dates de naissance des victimes représentées par Buyangandu et a ordonné que leur identité soit communiquée à la défense de Lubanga avant le 22 mai.
“Pour le moment, la divulgation devrait être réalisée sous cette forme limitée telle que suggérée par (la section de la participation des victimes et des réparations),” a indiqué Fulford. “Si une suggestion est faite qu’une divulgation plus complète soit réalisée... alors une telle demande devra être déposée par écrit pour que la question puisse être abordée de manière formelle.”
La question du comportement dans la galerie du public avait été soulevée plus tôt dans la semaine lorsque le juge Fulford avait rappelé une personne à l’ordre qui avait apparemment montré Lubanga du doigt.
“Il s’agit d’une cour de justice et non d’une salle de spectacle. Veuillez ne pas pointer du doigt les personnes présentes dans cette enceinte et en particulier l’accusé qui a droit au respect de sa dignité,” a déclaré Fulford.
“ Ne vous conduisez pas comme si vous étiez dans un zoo où les personnes seraient montrées du doigt et un sujet d’amusement comme cela s’est produit ces 5 ou10 dernières minutes,” a-t-il dit.
Wairagala Wakabi est un journaliste ougandais qui couvre le procès de Thomas Lubanga pour l’IWPR. Ses mises à jour quotidiennes sont disponibles sur le site Internet lubangatrial.org.