Un témoin parle de l'attaque de Mandro

Un témoin de l’Accusation a décrit une attaque sur la ville, qui aurait eu lieu quelques jours à peine après le raid contre Bogoro.

Un témoin parle de l'attaque de Mandro

Un témoin de l’Accusation a décrit une attaque sur la ville, qui aurait eu lieu quelques jours à peine après le raid contre Bogoro.

Monday, 22 February, 2010
Un témoin de l’Accusation a soutenu que les forces dirigées par deux chefs de guerre congolais présumés avaient mené une attaque sur le village de Mandro, en Ituri, peu après un raid sur un autre village au cours duquel de nombreuses personnes avaient péri.



Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo sont poursuivis pour crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, et sont notamment accusés de meurtre, viol, esclavage sexuel, pillage et utilisation d’enfants soldats pendant le conflit qui a eu lieu dans la région de l’Ituri en République démocratique du Congo, DRC. Les deux hommes ont plaidé non coupable.



Leurs chefs d’accusation portent sur une attaque menée contre Bogoro en 2003, qui avait coûté la vie à 200 personnes et réduit une grande partie du village en cendres.



Le témoin, désigné par le numéro 250 s’exprimait devant la Cour pénale internationale, CPI, le visage et la voix brouillés. Il a expliqué que l’attaque sur Mandro, non loin de Bunia, la principale ville d’Ituri, avait eu lieu deux ou trois jours après celle de Bogoro et qu’elle avait été menée par les “mêmes forces”.



Le Procureur Eric MacDonald a expliqué que le fait de discuter de l’implication de l’accusé à Mandro était un élément important pour prouver les évènements de Bogoro.



“L’intention et la connaissance de l’accusé sont au coeur de cette procédure,” a déclaré MacDonald. Il a ajouté que les mêmes crimes perpétrés de la même manière en divers endroits aidaient à établir l’intention dans le cas de Bogoro. Le témoin a expliqué à la Cour que Mandro était tombée d’une manière similaire à Bogoro, bien qu’il n’ait pas donné de détails précis.



Le témoin a déclaré que les Forces de résistance patriotique en Ituri, FRPI, et le Front des nationalistes et intégrationnistes, FNI, qui auraient été respectivement dirigés par Katanga et Ngudjolo, étaient responsables de la planification de l’attaque sur Mandro.



Lorsque MacDonald demanda les noms précis des planificateurs, le juge président Bruno Cotte déclara que l’information n’était pas nécessaire. “Lorsqu’il est fait mention du FNI ou des FRPI il n’est pas difficile de deviner qui est à la tête de ces groupes,” a-t-il dit.



La discussion au sujet de Mandro a commencé après que la Cour ait refusé une demande de MacDonald de déclarer le témoin hostile. MacDonald avait expliqué que le témoignage effectué la semaine dernière contredisait les déclarations précédentes faites par le témoin, et l’Accusation souhaitait donc obtenir la permission de poser des questions insidieuses et de “rafraîchir la mémoire” du témoin.



MacDonald a expliqué à la Cour que les contradictions étaient liées à la nature de la destruction et du pillage de Bogoro, la présence de civils, la présence d’enfants soldats et le contenu des chansons chantées par les soldats pour garder le moral.



Mais la Cour a décidé, le 9 février dernier, que le témoin avait respecté la plupart des questions de l’Accusation, et que les contradictions n’étaient pas assez significatives pour déclarer le témoin hostile.



“Les réponses qui étaient plus évasives ou non concordantes avec d’autres observations, ne peuvent à elles seules avoir pour effet que le témoin 250 soit déclaré hostile,” a déclaré le juge Cotte. “La Chambre aimerait souligner que le simple fait d’avoir eu quelques réponses défavorables ne suffit pas en soi à déclarer un témoin hostile.”



Discutant de l’attaque contre Bogoro cette semaine, le témoin a continué à affirmer qu’aucun civil n’était présent. Les soldats de l’Union des patriotes congolais, UPC, occupaient Bogoro à l’époque de l’attaque alléguée du FNI/FRPI.



Lorsque le juge Cotte a demandé au témoin si l’État major général du FNI/FRPI avait donné des instructions sur la manière de traiter les non combattants que les soldats auraient pu rencontrer à Bogoro, ce dernier a répondu, “Il n’y avait pas de civils à ce moment-là.”



Mais MacDonald a dit à la Cour, en l’absence du témoin, que les déclarations qu’il avait effectuées en décembre 2006 et juin 2007 “indiquaient ou déclaraient que des civils étaient morts [à Bogoro]”.



Le juge Cotte a également interrogé le témoin quant aux enfants soldats présents lors de l’attaque sur Bogoro. Le témoin a indiqué à la Cour qu’il était difficile de deviner l’âge des gens avec qui il était.



Mais MacDonald a soutenu que ceci était en désaccord avec ce que le témoin avait indiqué dans ses déclarations précédentes.



Il a expliqué que le témoin avait précédemment mentionné que des enfants de moins de 15 ans se trouvaient au sein des FRPI et étaient présents dans les camps, et qu’il avait donné des informations sur le nombre d’enfants présents dans chaque camp et la nature de leurs responsabilités.



Le procès continue la semaine prochaine.



Emily Ponder est stagiaire auprès de l’IWPR à Londres.
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