Les forces de Bemba nont pris "aucune décision sans son consentement"

Selon un témoin, l’accusé était en contact quotidien avec les combattants déployés en République centrafricaine.

Les forces de Bemba nont pris "aucune décision sans son consentement"

Selon un témoin, l’accusé était en contact quotidien avec les combattants déployés en République centrafricaine.

Alors que le procès pour crimes de guerre de Jean-Pierre Bemba Gombo, important dirigeant politique congolais, a repris la semaine dernière, un membre de son organisation à déclaré aux juges à la Cour pénale internationale, CPI, que le défendeur avait donné lui-même les ordres à ses troupes envoyées en République centrafricaine pour soutenir le président de ce pays.

Le témoin de l’accusation, identifié par le nombre 45, faisait partie du Mouvement pour la libération du Congo, MLC, de Bemba, et a témoigné par rapport à la structure hiérarchique et au processus décisionnel du mouvement. Le procès de Bemba se poursuit à la CPI, pour des crimes commis par ses troupes – y compris des cas de meurtre, viol et pillage – qu’il est accusé de ne pas avoir empêchés ou réprimés.

Les combattants du MLC avaient été déployés en République centrafricaine, RCA, entre octobre 2002 et mars 2003 sur invitation du président du pays, Ange-Félix Patassé, qui avait requis une aide pour contrer une tentative de coup d’état menée par François Bozizé.

Le témoin 45 a expliqué à la Cour que Bemba était quotidiennement en contact avec les commandants de ses troupes en RCA. “La seule personne qui avait le droit de prendre des décisions était le commandant en chef, Jean-Pierre Bemba.

Il était en contact permanent avec son commandant en second par téléphone satellite et radio,” a déclaré le témoin à l’avocat de l’accusation Horejah Bala-Gaye. Il était inimaginable qu’une décision soit prise sans l’accord de [Bemba].”

Lors du contre-interrogatoire, le témoin a répété que Bemba était en contact avec les officiers du MLC, qui, selon lui, avaient les moyens de communiquer avec leurs commandants suprêmes où qu’ils se rendent. Le témoin 45 a également décrit le processus de recrutement des soldats au sein de la force du MLC. La plupart des recrues venaient de la province de l’Équateur dans le nord de la RDC, et recevaient un cours d’initiation de base par des formateurs ougandais.

“Cette formation comprenait des entraînements aux parades, le maniement des armes et aussi des instructions sur le comportement à adopter sur le champ de bataille,” a déclaré le témoin. Interrogé par le procureur quant à savoir s’il y avait un code de conduite que les troupes du MLC devaient observer, le témoin a indiqué qu’un tel code existait en effet. “Le code de conduite comprenait des sanctions pour des infractions telles que le meurtre, le vol, la désertion, la dissipation de munitions, [et] le pillage,” a-t-il dit, précisant que le code n’était pas toujours respecté sur le terrain.

En raison du fait que les soldats du MLC ne recevaient pas d’approvisionnement régulier lorsqu’ils étaient en RCA, ils recouraient au pillage pour survivre. “Le MLC avait un code de conduite rédigé en français, mais il était difficile pour les troupes de respecter ce code étant donné les conditions difficiles dans lesquelles ils vivaient,” a-t-il dit. Le témoin 45 a déclaré que le propre tribunal militaire du MLC avait poursuivi jusqu’à dix soldats pour des accusations de pillage, mais qu’il avait imposé des sanctions peu sévères allant de trois à six mois de détention.

Selon le témoin, les affaires devaient prouver que l’indiscipline au sein du MLC était prise en charge. “Les procès avaient pour but de prouver à la communauté internationale que le MLC n’était pas responsable des crimes commis en RCA,” a déclaré le témoin. Interrogé sur la personnalité du défendeur, le témoin 45, qui a servi sous ses ordres depuis 1998, a déclaré, “M. Bemba ne manquait pas de courage, mais il était enclin à l’autoritarisme et à la tyrannie.

C’était ses traits de caractère, et [il montrait] aussi une certaine indifférence envers la souffrance humaine.” Bemba nie les charges portées contre lui, soutenant qu’une fois que les combattants du MLC étaient passés de RDC en RCA, ils tombaient sous les ordres de Patassé.

Ses avocats soutiennent que l’ancien président de la RCA doit donc répondre du comportement des troupes du MLC. Le contre-interrogatoire par la Défense du témoin 45 a eu lieu en grande partie en session à huis clos. Interrogé sur les dates des procès de cour martiale des soldats du MLC, le témoin a été incapable de donner une réponse précise, indiquant que ces évènements avaient eu lieu il y a longtemps.

Le témoin a également indiqué que, outre le MLC, il y avait aussi des troupes libyennes en RCA au cours de la même période, qui assuraient la sécurité personnelle de Patassé. Le procès continue cette semaine.

Rehema Kabuo et Lucie Bindu sont des stagiaires de l’IWPR à La Haye.
 

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