Les Élections Pourraient Déstabiliser la RDC
La mauvaise préparation des prochaines élections pourrait faciliter la contestation des résultats et faire éclater la violence.
Les Élections Pourraient Déstabiliser la RDC
La mauvaise préparation des prochaines élections pourrait faciliter la contestation des résultats et faire éclater la violence.
Mélanie Gouby
IWPR Journalist and Multimedia Producer in DRC
A un mois des élections présidentielle et parlementaire en République démocratique du Congo,
Alors qu’elles auraient du être une occasion de consolider la paix et le développement en
Les élections doivent avoir lieu le 28 novembre, mais presque rien n’est prêt pour leur tenue, et la tension monte.
Ce sera seulement la troisième fois que les électeurs congolais iront voter depuis l’indépendance en 1960, et la deuxième fois depuis la fin de la guerre civile nationale en 2003.
On ne peut pas assez souligner l’importance de l’impact psychologique que cette opportunité d’évincer une personne du pouvoir par des élections pourrait avoir sur des gens qui, pour la plupart, ne savent pas ce que cela représente d’avoir un tel choix.
Cependant, les chances que cela se produise sont faibles.
Après un processus d’inscription des électeurs controversé en raison de sa mauvaise gestion au printemps dernier, la date même de la tenue des élections paraît improbable étant donné que la plus grande partie de l’équipement nécessaire à l’organisation des élections se trouve encore à l’étranger dans l’attente d’être expédiée. Les urnes sont encore en Chine, et les bulletins de vote en Afrique du Sud. Sans parler du fait que dans un pays de la taille de l’Europe de l’ouest qui est dépourvu de routes, le transport de ce matériel sera un cauchemar logistique.
Cependant, compte tenu du fait que ces élections étaient dès le départ programmées cinq ans après les dernières élections, on ne peut pas dire que les organisateurs ont été pris au dépourvu.
Les élections vont sans doute avoir lieu, mais pourraient rencontrer de nombreux problèmes.
Le manque de préparation, ajouté au refus par le gouvernement de procéder à un audit du processus d’inscription suite à des accusations de fraude, a donné à l’opposition suffisamment d’arguments pour contester tout ce qui se produit au cours du processus électoral et même les résultats à venir.
Cela risque de plonger le pays dans la tourmente, rappelant ainsi le scénario de la Côte d’Ivoire au début de l’année.
Plusieurs incidents violents ont déjà eu lieu, en particulier à Kinshasa , la capitale, où des rallyes organisés par les supporters de l’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS, un parti d’opposition, ont été brutalement dispersés par la police. En août, une personne avait été tuée par balle au cours d’un rallye.
Des groupes congolais de défense des droits de l’Homme ont déploré la rhétorique alarmiste utilisée par l’UDPS ainsi que la violence employée par la police.
A Goma, la principale ville de la province du Nord Kivu dans le nord-ouest de la
Le Nord et le Sud Kivu avaient été ses bastions lors de l’élection présidentielle de 2006, au cours de laquelle il avait été élu avec respectivement 98 pour cent et 96 pour cent des suffrages exprimés dans ces régions.
Cet enthousiasme a désormais disparu. Et les électeurs ne sont pas dupes quant aux résultats à attendre de l’élection.
Kabila pourrait bénéficier d’une réforme constitutionnelle qui limite le scrutin présidentiel à un tour ce qui lui permettrait d’être réélu si les votes recueillis dépassaient 25 pour cent des voix.
En même temps, les gens s’attendent à ce que la fraude joue un grand rôle dans ces élections. La voix du peuple est révélatrice – “Kabila sera réélu quelque soient les vrais résultats.” Le vote est vu comme inutile.
Pour sa part, l’opposition n’a pas réussi à plaider la cause du changement.
Onze candidats se sont présentés à l’investiture présidentielle, bien que la véritable compétition ne se joue qu’entre Kabila, Etienne Tshisekedi de l’UDPS et Vital Kamerhe de l’Union pour la Nation congolaise, UNC.
A 78 ans, Tshisekedi a une longue carrière politique derrière lui, et ces élections sont sans doute sa dernière chance de devenir chef de l’État. De tous les candidats, il est l’adversaire le plus crédible de Kabila.
Kamerhe, un peu en retrait, est un ancien porte-parole de l’Assemblée Nationale de
Supporter de Kabila lors des élections de 2006, Kamerhe avait rejoint l’opposition en 2010 après avoir été évincé de son poste de porte-parole par le président, comme l’avaient révélé les cables diplomatiques des Etats-Unis dévoilés par Wikileaks.
Alors que l’élection se déroulera selon le système du scrutin uninominal majoritaire à un tour, l’opposition a peut-être déjà réduit ses chances en dilapidant les votes potentiels entre différents candidats – mais Tshisekedi tout comme Kamerhe ont des raisons très personnelles de se présenter, ce qui les empêche de se regrouper et de choisir un seul candidat pour affronter Kabila.
Ce qui est peut-être encore plus décourageant est que la classe politique a raté une véritable occasion d’avoir un vrai débat sur l’avenir de la
La désunion de l’opposition et le manque de solutions qu’elle propose donne l’impression que si ses candidats sont élus, les choses pourraient juste rester les mêmes. Les électeurs ne savent donc pas si l’opposition serait forcément un meilleur choix que les partis au pouvoir, ou si Tshisekedi ou Kamerhe sont une véritable alternative à Kabila.
La communauté internationale devra elle aussi assumer sa part de responsabilité si ces élections tournent au fiasco.
La
En 2006, la communauté internationale avait assumé 80 pour cent du budget électoral et l’ONU avait en grande partie géré le processus, fournissant des observateurs électoraux et d’autres éléments nécessaires à la tenue d’élections libres et équitables. Cette année par contre, à peine 40 pour cent du budget de l’élection est pris en charge par la communauté internationale. La MONUSCO s’est retirée de tout engagement majeur dans le processus électoral, promettant de rester neutre et de se comporter comme un intermédiaire si les élections aboutissaient à une impasse. Des observateurs électoraux seront déployés par l’Union européenne et le Centre Carter, mais à une échelle bien plus réduite que lors des élections de 2006.
A une étape cruciale de l’avancée de la
La
Étant donné la mauvaise gestion du processus électoral avant même le début des élections, ce que les citoyens de la
Mélanie Gouby est journaliste de l’IWPR et productrice multimédia, responsable du projet justice transitionnelle de l’IWPR dans l’est de la
Les opinions exprimées dans cet article ne sont pas nécessairement celles de l’IWPR.