La réunion de Bogoro devant la Cour

Un témoin a parlé d’une réunion portant sur le contrôle de la ligne d’approvisionnement qui longeait le village.

La réunion de Bogoro devant la Cour

Un témoin a parlé d’une réunion portant sur le contrôle de la ligne d’approvisionnement qui longeait le village.

Tuesday, 9 February, 2010
Cette semaine, un témoin a parlé aux procureurs de la Cour pénale internationale, CPI d’une réunion à laquelle il avait assisté au cours de laquelle le sort du village de Bogoro, stratégiquement situé, devait être déterminé.



Le témoin a raconté que la réunion avait eu lieu entre un représentant de Mathieu Ngudjolo, qui était alors le chef du Front des nationalistes et intégrationnistes, FNI, et Germain Katanga, qui dirigeait la Force de résistance patriotique en Ituri, FRPI.



S’adressant à la CPI en swahili – son visage et sa voix étant floutés – le témoin a déclaré qu’il avait assisté à la réunion, comme garde du corps d’un représentant de Ngudjolo. Selon les procureurs, la réunion avait eu lieu avant le massacre du 24 février 2003 à Bogoro.



Le témoin a expliqué que Katanga et Ngudjolo voulaient trouver un moyen de contrôler le principal axe d’approvisionnement vers Bunia, la capitale du district de l’Ituri, qui passait par Bogoro.



“Ils [ont décidé de] frapper le serpent à la tête,” a déclaré le témoin. “Si vous tuez un serpent sans lui couper la tête, il continuera à vous tracasser.”



Interrogé par l’Accusation sur l’identité du serpent, le témoin a répondu, “Le serpent c’était les forces [adverses] stationnées à Bogoro.”



D’autres zones le long de la route était déjà sous contrôle du FNI ou du FRPI à l’époque, mais Bogoro était contrôlé par l’Union des patriotes congolais, UPC, dirigée par Thomas Lubanga, également en procès à la CPI.



Katanga et Ngudjolo sont accusés d’avoir lancé une attaque sur Bogoro le 24 février 2003, qui avait coûté la vie à 200 personnes et réduit une grande partie du village en cendres.



Les deux accusés sont inculpés de dix chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, comprenant le meurtre, le viol, l’esclavage sexuel, le pillage et l’utilisation d’enfants soldats.



Les deux hommes ont plaidé non coupable à ces accusations, lorsque le procès à commencé le 24 novembre. Le procès avait repris le 26 janvier après une rupture de près de deux mois.



Lorsque MacDonald a insisté pour que le témoin explique comment le contrôle devait être mis en place sur la route de Bunia, il a eu des difficultés à donner une réponse franche.



Cette question a marqué tout l’interrogatoire et, à un certain moment, la Défense s’est plainte du fait que MacDonald posait des questions suggestives.



David Hooper, l’avocat de Katanga, a également indiqué que le témoin avait été interrogé pendant 50 heures avant de venir témoigner, ce qui constituait “une quantité de temps extraordinaire”.



En outre, Hooper a indiqué que l’interrogatoire avait été mené, non pas par des enquêteurs – ce qui est la pratique habituelle – mais par MacDonald lui-même.



MacDonald a rétorqué qu’il n’était pas seul lors des interrogatoires précédents du témoin, et a indiqué qu’il n’était “pas là pour influencer le témoin ou la chambre”.



Au cours de l’audience, les deux accusés étaient assis l’un à côté de l’autre, regardant le témoignage sur le même écran d’ordinateur. Katanga prenait des notes alors que Ngudjolo se penchait en arrière dans sa chaise. Ils se parlaient souvent à voix basse, ce que le juge président Bruno Cotte a noté.



“Le fait que vous soyez assis à côté ne veut pas dire que vous pouvez communiquer,” a-t-il dit. Habituellement, les accusés sont assis l’un à côté de l’autre mais à des bureaux séparés.



Tout au long de l’interrogatoire, le témoin a été interrogé de manière intensive sur la chaîne de commandement au sein de la milice de Ngudjolo.



“Les ordres venaient du haut vers le bas,” a déclaré le témoin. “C’est les commandants qui donnaient des ordres aux subordonnés.”



A un moment, le témoin a indiqué que Ngudjolo – qu’il a identifié comme “chef d’état major” – ne donnait jamais directement un ordre à un soldat de rang inférieur. Il a cependant indiqué ensuite qu’un soldat pouvait s’adresser à Ngudjolo lorsqu’il disposait d’informations jugées “importantes”.



L’âge des soldats dans la milice de Ngudjolo a également été souvent abordé.



“Les âges variaient dans la région orientale,” a déclaré le témoin. “Il y avait des pygmées donc vous pouviez vous méprendre sur leur âge en les voyant.”



Poussé à indiquer l’âge du plus jeune soldat avant l’attaque sur Bogoro, le témoin a dit à MacDonald qu’il serait “mieux que cette personne [communique lui-même] son âge”.



Le procès continue la semaine prochaine.



Rachel Irwin est reporter de l’IWPR à La Haye.
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