La Cour a appris qu'il n'y avait que des soldats à Bogoro

Un témoin a expliqué devant la CPI que le village n’était occupé que par des soldats lors de l’attaque de 2003, au cours de laquelle 200 personnes avaient péri.

La Cour a appris qu'il n'y avait que des soldats à Bogoro

Un témoin a expliqué devant la CPI que le village n’était occupé que par des soldats lors de l’attaque de 2003, au cours de laquelle 200 personnes avaient péri.

Un témoin de l’accusation qui a déclaré avoir participé à l’attaque sur Bogoro en 2003 a expliqué lors du procès pour crimes de guerre de deux chefs de guerre présumés que les seules personnes qu’il avait vues dans le village étaient des soldats, et non pas des civils.

Le témoin, qui s’exprimait la voix et le visage brouillés, comparaissait devant la Cour pénale internationale le 2 février lors du procès de Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo. Ils sont inculpés de dix chefs de crimes de guerre et crimes contre l’humanité et sont notamment accusés de meurtre, viol, esclavage sexuel, pillage et utilisation d’enfants soldats.

Leurs chefs d’accusation portent sur une attaque menée contre le village de Bogoro, en Ituri, le 23 février 2003, au cours de laquelle quelques 200 personnes avaient été tuées et une grande partie du village réduite en cendres.

Ngudjolo est accusé d’avoir été le chef du Front des nationalistes et intégrationnistes, FNI, alors que Katanga aurait dirigé la Force de résistance patriotique en Ituri, FRPI.

A l’époque de l’attaque, la ville était occupée par des soldats de l’Union des patriotes congolais, UPC, un groupe de milice rivale dirigé par Thomas Lubanga, également en procès à la CPI.

Répondant à des questions de l’Accusation, le témoin avait déclaré, “Les bâtiments du [collège de Bogoro] avaient été transformés en camps [militaires]."

Le témoin a ajouté que les soldats présents dans ces camps appartenaient à l’UPC, et qu’ils avaient aussi érigé d’autres bâtiments près de l’école, pour les utiliser à des fins militaires.

Interrogé par le procureur Eric MacDonald sur des indices permettant de déterminer une présence civile dans la ville, le témoin avait répondu qu’il n’y en avait pas.

"D’après vous, parmi les soldats que vous avez trouvés dans la ville, certains avaient-ils des membres de leurs famille dans les camps?" a demandé MacDonald.

Le témoin a répondu, “S’ils avaient des membres de leur famille dans les camps, nous les aurions trouvés, mais nous avons seulement trouvé les soldats là-bas. Tous les gens que nous avons rencontrés à Bogoro étaient des soldats."

Le témoin a déclaré que les forces de Katanga et Ngudjolo n’avaient pas fait de prisonniers dans la ville. Il a ajouté que de nombreux soldats avaient été tués, alors que d’autres s’étaient enfuis vers le nord, vers Bunia.

Il a également apporté d’autres détails sur l’attaque sur Bogoro, qui selon lui “avait été préparée à l’avance”.

Il a expliqué qu’avant 5h30 du matin, le FNI et les forces du FRPI étaient en position et qu’elles avaient lancé leur attaque sur la ville vers 6h. A 10h, Bogoro était sous contrôle des soldats alliés du FNI/FRPI, a-t-il ajouté.

Lors de l’audience, l’accusation avait exprimé des inquiétudes quant au fait que le témoin n’ait pas semblé répondre aux questions de la même manière que dans son témoignage écrit qu’il avait communiqué avant de venir à la barre.

Lorsque MacDonald avait directement demandé au témoin s’il y avait des civils dans la ville, David Hooper, l’avocat de Katanga, avait objecté, indiquant que le témoin avait déjà donné cette information.

Mais MacDonald avait répliqué que l’information donnée par le témoin n’était pas la même que celle qui avait été donnée précédemment. Il a expliqué qu’il voulait interroger le témoin de manière plus approfondie sur des sujets tels que la question des décès de civils à Bogoro, la présence d’enfants dans les camps et la question de savoir si la destruction de la ville avait été planifiée à l’avance.

Il a demandé la permission de “rafraîchir la mémoire” du témoin en présentant des déclarations que ce dernier avait précédemment fournies comme preuves.

MacDonald a ensuite cité la jurisprudence au Canada et du Tribunal international pour l’ex-Yougoslavie, où la permission a été accordée de contester les dépositions des témoins en fonction des déclarations faites hors de la Cour.

Cependant, Jean-Pierre Fofé Djofia, un avocat de la défense pour Ngudjolo, a déclaré qu’il revenait à la Défense de procéder au contre-interrogatoire des témoins de l’Accusation et que l’Accusation aurait déjà du enquêter de manière approfondie sur les témoins qu’elle prévoyait d’appeler.

David Hooper, l’avocat de Katanga, a déclaré que l’équipe de défense aurait besoin de plus de temps pour réagir à la demande de l’Accusation et étudier la jurisprudence à laquelle MacDonald avait fait référence.

Sosthène Nsimba est stagiaire auprès de l’IWPR.

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