Enquête sur les forces de sécurité de Kabila

Une commission parlementaire va enquêter au sujet d’accusations selon lesquelles Kabila serait responsable de violations des droits de l’Homme.

Enquête sur les forces de sécurité de Kabila

Une commission parlementaire va enquêter au sujet d’accusations selon lesquelles Kabila serait responsable de violations des droits de l’Homme.

Wednesday, 4 February, 2009
Le Parlement de la République démocratique du Congo, RDC, va enquêter sur des violations présumées des droits de l’Homme par les forces de sécurité du gouvernement, mais il existe des doutes quant à l’efficacité de cette enquête.



Luete Katembo, qui s’occupe des questions de défense et de sécurité à l’Assemblée nationale congolaise, a déclaré que le parlement avait établi une commission de 11 membres en janvier pour enquêter sur les violations alléguées.



“S’il existe des allégations qui n’étaient pas connues [du] Parlement congolais, la [commission] va les trouver,” a-t-il dit, ajoutant que l’enquête allait commencer en mars.



L’annonce de Katembo fait suite à un rapport de novembre 2008 par l’organisme de surveillance Human Rights Watch, HRW, qui accusait les forces de sécurité fidèles au président Joseph Kabila d’abus généralisés des droits de l’Homme contre ses opposants présumés.



Les forces de sécurité de l’État congolais auraient tué 500 personnes et détenu plus de 1 000 autres, nombre d’entre elles ayant été torturées au cours des deux dernières années, indique le rapport de HRW.



Les violations ont commencé au cours des élections de 2006 qui avaient porté le président au pouvoir, et se sont poursuivies jusqu’à aujourd’hui, a indiqué HRW.



HRW a déclaré que Kabila donnait le ton et la direction au gouvernement en donnant l’ordre “d’écraser” ou de “neutraliser” les “ennemis de la démocratie”, impliquant qu’il était acceptable d’avoir recours à un usage illégal de la force contre eux.



Anneke Van Woudenberg, chercheur principal à la division Afrique de HRW, a déclaré que la répression de l’opposition avait été ignorée en RDC, où l’attention internationale reste fixée sur le conflit qui fait rage depuis des années au Nord Kivu entre les milices et les forces du gouvernement, et qui a empiré l’année dernière.



“Comme tout le monde se concentre sur la violence dans l’est du Congo, les violations du gouvernement contre les opposants politiques attirent peu l’attention,” a-t-elle dit.



“Les efforts visant à construire un Congo démocratique sont étouffés non seulement par la rébellion, mais aussi par la répression du gouvernement de Kabila.”



Le rapport de HRW a provoqué une autre réponse de colère de la part du gouvernement de Kabila.



“Nous ne sommes pas d’accord avec ce rapport,” a déclaré Kudura Kasongo, porte-parole de Kabila. “[Il] ne respecte pas le travail que nous sommes en train de faire. Il y a beaucoup trop d’exagérations, trop d’excès….



“Nous avons beaucoup de respect pour le travail de HWR. Leur rapports nous aident à réfléchir aux choses et à les contrebalancer, mais celui-ci est trop excessif.”



Kasongo a indiqué qu’après les élections de 2006 – les premières élections démocratiques à avoir été tenues dans le pays depuis des décennies – le gouvernement avait essayé de discuter avec des supporters et des gardes personnel de son opposant vaincu, Jean-Pierre Bemba.



“Nous avons tout fait pour négocier avec [eux],” a-t-il indiqué, ajoutant qu’il avait rencontré de la résistance.



Bemba avait fui la RDC après les élections, pour finalement s’installer à Bruxelles, où il a récemment été arrêté pour des chefs d’accusation de crimes de guerre par la Cour pénale internationale, CPI, relativement aux actes commis par sa milice en République centrafricaine, RCA.



L’avocat de Bemba, Karim Khan est d’accord avec les accusations figurant dans le rapport et a qualifié ce que le président Kabila fait au Congo de “pogrome tyrannique contre son propre peuple”.



Khan a dit qu’étant donné que Kabila est “l’homme de l’ouest”, la communauté internationale ignore les excès de son gouvernement. Contrairement aux autres pays, la RDC a remis des suspects pour qu’ils soient jugés à la CPI.



Khan a également suggéré que la CPI avait été manipulée par Kabila pour se débarrasser de ses opposants.



“La CPI est innocemment utilisée par Kabila pour dégager le terrain afin qu’il puisse continuer sa campagne d’intimidation,” a-t-il dit.



Khan considère suspect le moment choisi pour l’arrestation de Bemba, intervenue peu avant la date qui aurait été prévue par l’accusé pour rentrer au Congo afin d’y devenir le porte-parole de l’opposition au gouvernement de Kabila.



“Bemba est celui qui dispose de suffisamment de soutien pour constituer une opposition valable et maîtriser Kabila,” a déclaré Khan.



D’autres affirment qu’ils ont été opprimés par des agents gouvernementaux y compris les successeurs d’Etienne Tshisekedi, chef de l’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS, et opposant de longue date du gouvernement qui avait boycotté les élections de 2006.



Alexis Mutand, un membre de l’UPDS basé à Kinshasa, a indiqué que le parti avait demandé au gouvernement de Kabila de libérer neuf de ses membres qui seraient détenus dans la prison de Kin-Maziere, à Kinshasa. Selon d’autres sources, d’autres membres de l’opposition ont été emprisonnés à Makala, la prison de la capitale.



La plupart des accusations contre le gouvernement tournent autour des activités de l’Agence nationale de renseignements, ARN, ainsi que de la Maison civile du Chef de L’État, qui serait apparemment le service secret du président.



Katembo a indiqué que Kabila était opposé à l’enquête parlementaire.



Il a ajouté qu’il n’était pas sûr de l’efficacité de l’enquête parlementaire, notant que Kabila avait clairement exprimé son opposition à une telle enquête et que le parlement est contrôlé par l’Alliance pour la majorité présidentielle – une coalition de 11 partis politiques, y compris le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie de Kabila. L’Alliance contrôle 332 sièges au sein de l’Assemblée de 500 membres.



Ewing Ahmed Salumu est un journaliste formé par l’IWPR actuellement basé à La Haye.
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