Des recrues exécutées pour une tentative d'évasion
Par Wairagala Wakabi (AR No. 205, 16-Mar-09)
Des recrues exécutées pour une tentative d'évasion
Par Wairagala Wakabi (AR No. 205, 16-Mar-09)
Il a également déclaré à la Cour pénale internationale, CPI, que les jeunes filles recrutées ne pouvaient pas refuser d’avoir des relations sexuelles avec les commandants de la milice.
Bien que l’entraînement ait été acharné et que ceux qui n’arrivaient pas à suivre aient été punis, le témoin a indiqué qu’il n’avait pas essayé de s’enfuir par peur d’être exécuté.
Les recrues de la milice pouvaient être exécutées pour avoir perdu leur arme ou pour avoir essayé de quitter le camp d’entraînement de l’Union des patriotes congolais, UPC, de Lubanga.
"Vous pouviez être exécuté devant tout le monde," a déclaré le témoin. "Je l’ai vu. Vous pouviez [aussi] être exécuté si vous essayiez d’échapper au service militaire et que vous étiez pris."
Lorsque le Procureur Julieta Solano McCausland lui demanda qui administrait les punitions, il répondit: "si quelqu’un était pris au milieu de l’entraînement, essayant de s’enfuir, il était mis devant tout le monde. On nous disait que ce soldat avait essayé de s’enfuir, et ils donnaient l’ordre d’exécuter cette personne."
"Avez-vous déjà assisté vous-même à l’exécution de quelqu’un qui avait essayé de s’enfuir?" demanda McCausland.
"Oui. A Irumu j’ai été témoin d’une affaire dans laquelle un jeune homme avait essayé de fuir. Il fut mis devant tout le monde pour montrer que toute personne qui essayait de fuir subirait le même destin. Il fut tué et j’ai été témoin de ça."
Il ajouta ensuite, "Notre commandant donna un ordre à un soldat qui portait une arme. Il lui a dit 'prends ton arme et exécute ce jeune garçon qui a essayé de s’enfuir, et montre l’exemple à toute personne qui essaye de s’enfuir.'"
Le témoin a indiqué qu’il avait été enlevé à l’âge de 15 ans, juste devant son ancienne école. Des jeunes garçons et des jeunes filles parfois plus jeunes que lui figuraient aussi parmi les personnes enlevées, a-t-il expliqué.
Les garçons et les filles dormaient au même endroit dans le camp d’entraînement, a-t-il dit. "On nous disait que dans l’armée il n’y a pas de garçons et de filles. Nous dormions tous au même endroit."
Mais alors que les recrues comme lui étaient trop fatiguées après l’entraînement pour penser à avoir des relations sexuelles, il en était autrement pour leurs commandants, a-t-il dit.
"Certains commandants prenaient les recrues filles et disaient aujourd’hui tu viens coucher avec moi," a-t-il dit.
"Les filles pouvaient-elles dirent non aux commandants?" a demandé McCausland.
"Non. Les commandants venaient, choisissaient une fille et l’emmenaient. Alors la fille n’était pas autorisée à dire non."
Le témoin est le septième à comparaître dans le procès Lubanga et reprendra son témoignage la semaine prochaine.