Des différences subsistent quant à l'administration parallèle

Kinshasa peine à rétablir l’autorité de l’État sur les territoires du Nord Kivu.

Des différences subsistent quant à l'administration parallèle

Kinshasa peine à rétablir l’autorité de l’État sur les territoires du Nord Kivu.

Monday, 8 February, 2010
L’échec du gouvernement à totalement démanteler la structure politique des anciens bastions rebelles s’ajoute à un sentiment de malaise croissant au Nord Kivu, où les tensions ont déjà été exacerbés par des craintes que les réfugiés retournant dans la région puissent rejoindre des groupes de milice.



Dans de nombreux districts, les administrateurs officiels du gouvernement partagent le pouvoir avec les anciens rebelles du Congrès national pour la défense du peuple, CNDP, qui auraient du renoncer à leur postes conformément à un accord de paix adopté à Goma en mars 2009. Les deux administrations se disputent des taxes dans différentes zones.



De nombreux soldats du CNDP, qui ont été formellement intégrés à l’armée nationale, sont encore déployés dans des zones qu’ils contrôlaient pendant la guerre. Ils continuent à soutenir les administrations locales du CNDP, ce qui complique la tâche pour le gouvernement qui essaye de réaffirmer son autorité.



“L’autorité de l’État est toujours indésirable dans le territoire de Rutshuru,” a déclaré Kalonda Amisi, l’administrateur gouvernemental pour la région, à l’IWPR. “Le gouverneur du Nord Kivu m’a envoyé installer un nouveau chef dans la zone de Bwito, à Kitshanga. Plutôt que de m’accueillir, l’ex-chef du CNDP a envoyé un officier militaire pour me repousser.”



Ayubangira Sanvura, membre de l’Assemblée nationale, craint que si ces structures d’administration parallèles ne sont pas démantelées, le conflit pourrait revenir dans la région.



“Les anciens rebelles dirigent toujours l’administration dans la plupart de ces zones et, pour beaucoup, la rébellion continue étant donné qu’il n’ont constaté aucun changement sur le terrain. Les gens payent des taxes aux rebelles plutôt qu’au gouvernement, ce qui provoque leur mécontentement étant donné que la guerre est officiellement terminée,” a déclaré Sanvura.



Entre 2004 et 2008, le CNDP avait mené la guerre contre le gouvernement congolais, prenant le contrôle d’un grand nombre de villages dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo.



Le CNDP a mis en place une nouvelle administration dans ces zones, provoquant la fuite des chefs gouvernementaux.



Dans le cadre d’un accord de paix, qui avait été signé à Goma le 23 mars de l’année dernière, les dirigeants du CNDP avait reçu l’instruction d’abandonner le contrôle des administrations régionales, en échange de certaines responsabilités gouvernementales.



Mais nombre d’entre eux ne l’ont pas encore fait, indiquant que le gouvernement a été lent à créer des postes officiels pour eux.



“Si les administrateurs, leurs adjoints et les membres de leurs équipes ne sont pas nommés, ils vont continuer à travailler dans leurs zones et évidemment récolter des taxes,” a déclaré Philip Gafishi, le chef nouvellement nommé du CNDP. “L’argent récolté aide le CNDP à s’occuper des blessés de guerre, des veuves et des orphelins.”



Gafishi a déclaré que le gouvernement aurait du avoir incorporé les administrateurs du CNDP au 15 janvier, mais cela n’a pas encore été fait.



Desiré Kamanzi, ancien chef du CNDP, avait démissionné en novembre, soi-disant en raison d’une frustration quant à la non mise en œuvre de l’accord de Goma.



Les autorités gouvernementales espèrent que davantage de progrès pourront être faits grâce à la nomination de Gafishi comme nouveau président du CNDP.



“Pour permettre la tenue d’élections locales démocratiques, nous devons avoir une autorité étatique établie sur toute la province,” a déclaré Katamuliko Richard, conseiller politique du gouverneur du Nord Kivu. “Ce n’est pas une tache facile pour le nouveau [président du CNDP], bien qu’il soit encore très jeune et plein de bonne volonté.”



Gafishi a déclaré qu’il avait récemment rencontré le président Joseph Kabila pour discuter de la mise en œuvre de l’accord de paix.



“Nous avons eu de bonnes discussions,” a-t-il raconté. “Nous sommes convenus de bientôt atteindre les objectifs de l’accord. Nous sommes maintenant tombés d’accord avec le président sur un emploi du temps et je peux vous assurer que les choses iront plus vite.”



Pour le moment, la question de l’administration parallèle dans les territoires de Masisi et Rutshuru subsiste, mais Gafishi a promis que, au final, toutes les zones contrôlées par le CNDP seraient rendues au gouvernement.



“Nous sommes dans un processus,” a-t-il dit. “Le CNDP a déjà transféré ses soldats et la police au gouvernement. Certains territoires ont été abandonnés par les dirigeants politiques du CNDP. D’ici peu le gouvernement prendra le contrôle de tous les territoires au Nord Kivu.”



Jacques Kahorha est un reporter formé par l’IWPR au Congo.
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