Appel à un changement de la politique concernant les enfants des rues
Les officiels placent les enfants des rues dans des structures d’accueil, mais les activistes pensent que davantage devrait être fait pour qu’ils retrouvent leurs parents.
Appel à un changement de la politique concernant les enfants des rues
Les officiels placent les enfants des rues dans des structures d’accueil, mais les activistes pensent que davantage devrait être fait pour qu’ils retrouvent leurs parents.
Ils veulent aussi que les responsables politiques s’en prennent sévèrement aux parents suspectés d’abandonner leurs enfants, déclarant qu’ils devraient être traduits en justice.
Les officiels ont commencé à rassembler un grand nombre de shegues, accusés d’un éventail de méfaits allant de la mendicité à l’incendie volontaire, pour leur offrir une scolarisation et du travail auprès du gouvernement local.
Grâce à cette opération, qui a débuté en août, l’administration provinciale héberge maintenant près de 1 000 enfants dans un centre de formation à quelques mètres à peine de la prison de Kassapa à Lubumbashi.
Le centre comprend un dortoir et une salle de classe, des salles de bain et toilettes ainsi qu’un dispensaire et un terrain de football.
L’idée est de donner aux shegues – le nom est apparemment tiré de celui du révolutionnaire cubain Che Guevara – une meilleure vie que leur existence précaire préalable dans les rues.
“Nous nous attaquons aux problèmes de sécurité dans les rues de Lubumbashi,” a déclaré Kalunga Mawazo, le conseiller politique du ministre de l’intérieur de la province.
“La présence d’enfants dans les rues a causé d’innombrables dégâts. Ils se sont rendus responsables de nombreux feux dans le centre ville, ainsi que de vols et de viols.”
Il a déclaré que l’opération destinée à nettoyer les rues a eu pour conséquence que les gens se sentent désormais beaucoup plus en sécurité et que les enfants apprécient que l’on s’occupe d’eux, “Les enfants ont exprimé leur gratitude pour ce que nous avons fait. C’est une preuve suffisante qu’ils étaient fatigués des vies qu’ils vivaient dans la rue.”
Cependant, deux mois après le début de l’opération, quelques6uns des enfants se sont échappés pour retourner à leurs vies d’avant. Cela a conduit les autorités à déclarer que tout fuyard qui serait retrouvé serait envoyé à la campagne pour travailler dans les champs.
Patient Abedi, membre de la congrégation à la cathédrale catholique romaine de Saint Pierre et Paul, a déclaré, “Ces enfants nous importunent lorsque nous quittons la messe chaque dimanche et réclament de l’argent.”
L’organisation non gouvernementale BUMI, qui s’occupe d’enfants des rues depuis 1992, a déclaré que les autorités provinciales avaient bien agi.
“Je soutiens l’action du gouvernement provincial qui assume ses responsabilités en s’occupant des enfants qu’il trouve dans la rue,” a déclaré Thérèse Ilunga, présidente de BUMI. “Il n’est pas normal de laisser les enfants âgés de deux ou trois ans errer dans les rues.”
Cependant, elle a indiqué que le gouvernement ne devrait pas seulement rassembler les enfants mais aussi les rendre à leurs familles.
Elle a également exhorté les autorités à aller au delà du simple fait de nourrir et former les enfants pour s’occuper aussi de leur bien-être psychologique, “Certains d’entre eux ont été chasés par leurs parents et sont traumatisés.”
Les responsables officiels ont expliqué que les parents accusent souvent leurs enfants de sorcellerie lorsqu’ils les mettent à la rue, alors que dans la plupart des cas les raisons sont économiques.
“Les parents sont responsables de leurs enfants et une famille ne devrait pas se retrouver à la rue. La place des enfants c’est dans la maison la où il y a les parents”, indique Ilunga ”Nous sommes dans un pays avec des lois, il faut déférer [ces gens] devant la justice car l’abandon est une faute grave.”
Rodrigue Katulu, un activiste travaillant au bien-être des enfants, a convenu que les parents devraient être traités en fonction de la loi et que des efforts devraient être faits pour réunir les enfants et leurs familles.
“Ce qu’ils devraient faire dans le centre de formation est d’identifier les enfants afin de rechercher leurs parents. Lorsque les parents sont identifiés, ils devraient être punis selon la loi,” a-t-il dit.
Katulu a déclaré que les parents reconnus coupables d’abandon de leurs enfants pourraient recevoir une amende ou être emprisonnés pour des périodes allant jusqu’à 5 ans.
Entre-temps, dans un effort visant à améliorer les perspectives à long terme des shegues, le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, a décidé ce mois-ci de donner des emplois à ceux âgés de 18 ans et plus. Ils formeront une équipe de nettoyage de 100 personnes et ont tous déjà reçu 100 dollars US pour pouvoir trouver un endroit où vivre.
Mais il a avertit que si l’une des nouvelles recrues finissait à la rue, ils perdraient tous leur travail.
Héritier Maila est un journaliste formé par l’IWPR.